L'inflation considérée par les investisseurs en immobilier comme la principale menace pour 2022 selon Savills IM
C’est une conclusion pour le moins inattendue au moment où l’épidémie de Covid-19 repart en flèche en Europe et où les nuages semblent s’amonceler sur la reprise économique enregistrée en 2021 : l’inflation, qui a fait son grand retour cette année à la faveur de la réouverture des économies après les restrictions sanitaires de 2020, semble représenter le plus grand défi pour 2022 selon 82% des investisseurs interrogés par le spécialiste britannique de l’immobilier Savills Investment Management, devant le ralentissement économique (68%) et un potentiel retour des restrictions sanitaires (66%).
Un contexte incertain mais des acteurs économiques qui ont appris à vivre avec la pandémie
Contrairement au début de l’année 2020 où la sidération liée à la propagation initiale de l’épidémie avait quasiment gelé l’activité économique du jour au lendemain, le retour de flambées épidémiques plus ou moins contrôlées et/ou de nouveaux variants plus ou moins résistants au vaccin n’auront peut-être pas le même impact économique car les acteurs ont appris à adopter une forme d’agilité dans leur activité, que ce soit avec le rodage bien établi du télétravail partiel, les circuits logistiques revus, et aussi une certaine forme de réassurance des Etats qui viennent soutenir les secteurs les plus en difficulté face aux restrictions sanitaires. Cela pourrait expliquer que les investisseurs en immobilier ne placent pas au premier rang pour 2022 les risques qui ont le plus pesé en 2020 : le ralentissement économique (68%, en 2ème position des principaux risques pour 2022) et les restrictions sanitaires (66%, en 3ème position). En revanche, le retour inattendu de l’inflation en 2021 -avec des taux de progression annuelle qui ont atteint 6% aux Etats-Unis et 4% en Europe, des taux que l’on n’avait plus vus depuis une trentaine d’années- est considéré par 82% des investisseurs comme le défi le plus important en 2022.
Malgré la crainte des effets de l’inflation, les investisseurs plébiscitent l’immobilier
La situation économique et sanitaire difficile à anticiper n’empêche pas les investisseurs de montrer un fort appétit pour l’immobilier : ils sont 73% à anticiper une augmentation de leur exposition à l’immobilier dans les 12 prochains mois d’après l’enquête de Savills IM, ce ratio n’étant que de 45% en 2020. Sans surprise, ce sont les actifs résidentiels et logistiques qui emportent la faveur des investisseurs, mais l’immobilier de commerce et les immeubles de bureaux ont également du potentiel dans un contexte où les agents économiques pourraient retrouver une forme de fonctionnement normalisé, ou en tout cas d’accoutumance au contexte épidémique sur le temps long. Sur le segment du commerce, Savills IM porte même une conclusion à contre courant du consensus que l’on pouvait observer il y a encore quelques mois : l’expert immobilier estime en effet que les actifs de commerces sont « injustement dénigrés et considérés à tort comme une catégorie monolithique. » A contrario, selon le gestionnaire, « l’année 2022 pourrait être un tournant pour le secteur, car de nombreux investisseurs ont négligé les opportunités offertes par le commerce de détail alimentaire, les retail parks et les centres de magasins d’usine, ou le repositionnement d’actifs pour de nouveaux usages. »
Sortir des sentiers battus pour aller chercher du rendement
L’enquête de Savills IM montre par ailleurs que la confiance des investisseurs est plus forte qu’en 2020 et qu’ils ont conscience de la nécessité d’une certaine prise de risque en 2022 pour obtenir du rendement sur leurs portefeuilles immobiliers. Les investisseurs prévoient ainsi globalement d’accroître leur exposition aux stratégies risquées comme le value- add, 63 % des acteurs interrogées le considérant comme leur style d’investissement préféré. Les investisseurs ciblent également les co-investissements (62 %) et les investissements opportunistes (58 %) pour l’année prochaine.
« Pour l’année prochaine, nous pensons que le résidentiel et la logistique resteront en vogue », résume Kiran Patel, Global CIO et directeur général délégué de Savills IM. « Compte tenu des faibles rendements de l’immobilier industriel et logistique, les investisseurs n’ont d’autre choix que de sortir des sentiers battus et d’investir dans des segments prometteurs tels que la logistique urbaine et du dernier kilomètre, les zones industrielles de proximité et les entrepôts frigorifiques. Nous prévoyons une polarisation du marché des bureaux, avec une forte concentration des investisseurs sur les actifs prime. Dans le secteur résidentiel, les immeubles résidentiels locatifs, les résidences étudiantes et les actifs de santé, promettent des rendements ajustés au risque adéquat. »
Il note également : « Investir dans de la dette immobilière continue d’offrir un rapport risques/rendements attrayant avec une protection contre la baisse. Ce pourrait être une option intéressante pour les investisseurs à long terme, dans la conjoncture actuelle. »