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Primaliance

Un déficit colossal de bureaux « verts » dans les grandes métropoles mondiales selon Savills

D’après une récente analyse présentée par la société britannique de conseil en immobilier Savills, englobant un panel de 20 métropoles mondiales, les bureaux labellisés « verts » ne représentent aujourd’hui que 22 % du stock total en moyenne. Les métropoles les moins bien loties sont Los Angeles et la City de Londres (moins de 15% du stock de bureau est vert dans ces deux villes), les plus écologiques étant Varsovie, San Francisco et New York, avec plus de 40% du stock certifié vert.

Le déficit de bureaux « verts » dépend de la demande des utilisateurs

Pour mesurer le déficit de surfaces de bureaux certifiés verts dans une ville, il ne suffit pas de mesurer le stock restant à verdir -sachant qu’il est de toutes façons impossible d’avoir 100% du stock labellisé- mais d’avoir une notion du manque de surfaces vertes par rapport à la demande. En fonction des continents, la demande pour des bureaux certifiés « green » n’est en effet pas du tout la même, ce sujet étant bien plus concernant en Europe qu’en Asie par exemple. A titre d’illustration, Paris et Francfort extériorisent un déficit très élevé de surfaces vertes d’après Savills, faisant partie des 4 métropoles où le défi à relever est le plus important avec Los Angeles et Séoul, alors même que l’effort déjà entrepris est beaucoup plus avancé dans les deux métropoles européennes que sur les deux autres villes. A Los Angeles, on est de toutes façons sur un stock de départ très faible (13% des surfaces de bureaux seulement sont certifiées vertes, moins de 5% du parc tertiaire ayant été construit après 2010), écartant de facto pour la plupart des locataires la possibilité d’occuper des locaux à bonne efficience énergétique. Cette ville enregistre d’autre part une très faible production de constructions neuves. A Paris et à Francfort, malgré un parc immobilier existant prenant mieux en compte les enjeux environnementaux, la demande des utilisateurs pour des surfaces bénéficiant de certifications environnementales est telle que les projets en développement ne pourraient en satisfaire qu’une faible partie (3 à 6 mois de demande, alors que les durées de constructions de nouveaux immeubles sont de plusieurs années).

« La demande d’espaces de bureaux performants dans ces villes est motivée par la flambée des prix de l’énergie, le cadre législatif propre à chaque pays, ainsi que par la course aux talents », explique Eri Mitsostergiou, directrice monde Research de Savills. « Le désir de travailler dans un environnement durable est une priorité pour les générations à venir et ne doit pas être sous-estimé. Les entreprises doivent donc sécuriser cet espace vert pour rester compétitives et prospérer. »

Une accélération sous contraintes des livraisons de bureaux neufs ou rénovés

Malgré une situation très déséquilibrée entre l’offre et la demande de surfaces labellisées en termes environnementaux dans la plupart des 20 métropoles étudiées, Savills voit une éclaircie au bout du tunnel : la livraison d’immeubles de bureaux neufs ou rénovés à horizon 2024 y sera supérieure de 22 % à la moyenne annuelle quinquennale. La société de conseil se veut néanmoins prudente sur ces prévisions de développements car la situation macroéconomique et géopolitique actuelle pourrait entraîner une diminution du nombre de mètres carrés effectivement livrés dans les deux prochaines années. En effet, plusieurs projets importants seront potentiellement retardés ou annulés « en raison de la hausse des coûts de construction et de l’énergie et des perturbations de la chaîne d’approvisionnement ».

Paradoxalement, « le rythme des nouvelles constructions est également susceptible de ralentir à l’avenir, en raison de l’attention croissante portée à la réduction des émissions de carbone liées à la construction », analyse Elena Lutterkort, responsable développement durable de Savills France. « Cela va également accroître la pression sur les propriétaires pour qu’ils améliorent les performances de leurs immeubles de bureaux par la rénovation et la mise à niveau. »

De façon générale, les réglementations imposées dans le domaine environnemental se durcissent rapidement dans la plupart des pays du monde, imposant une accélération des travaux de rénovation et de mise à niveau à l’initiative des investisseurs et des propriétaires immobiliers craignant le risque de carence locative et de dévalorisation des actifs. Savills estime que plus de 70 % du parc total de bureaux mondial a été édifié avant 2010, soit environ 1,9 milliard de m2 nécessitant des actions immédiates pour lutter contre l’obsolescence.

« Le défi à relever pour combler le déficit de bureaux verts est énorme », résume Eri Mitsostergiou, « mais comme il est peu probable que la demande ralentisse, c’est à l’industrie de contribuer à transformer l’avenir du lieu de travail et à atténuer les impacts du changement climatique. »

Publie le 14 décembre 2022
5 mins de lecture
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