BNP Paribas Real Estate publie son analyse des marchés de bureaux en Europe (utilisateurs et investisseurs)
L’expert immobilier BNP Paribas Real Estate a récemment publié son analyse des marchés de bureaux européens en 2022. Le diagnostic est partagé entre un bilan très positif du côté des utilisateurs, le niveau des transactions retrouvant les plus hauts historiques, et un volume d’investissements qui pour sa part subit une forte érosion sur les principaux marchés (Royaume-Uni, Allemagne, France). Mais les fondamentaux restent très solides avec des taux de vacance stabilisés à des niveaux raisonnables et une belle dynamique sur les loyers « prime » qui compense la décompression des taux de rendements.
Les volumes placés auprès des utilisateurs retrouvent les niveaux pré-covid en 2022
Le rebond de la demande placée avait déjà bien démarré fin 2021 et l’année 2022 vient confirmer cette tendance sur les marchés de bureaux européens. Les thèmes qui portent cette hausse notable de l’activité locative sont la recherche de locaux tenant compte des enjeux RSE et le besoin de surfaces aménagées pour les modes de travail hybrides. Si l’on considère les 17 principaux marchés de bureaux européens analysés par BNP Paribas Real Estate (Amsterdam, Barcelone, Berlin, Bruxelles, Dublin, Cologne, Düsseldorf, Francfort, Hambourg, Central London, Luxembourg,
Madrid, Milan, Munich, Central Paris, Rome, Varsovie), la progression est de 10% par rapport à 2021 à 9,169 millions de m² placés. Les villes les plus dynamiques de ce point de vue sont Dublin (+63%), Varsovie (+48%), « Central London » (+45%), Milan (+28%) et Madrid (+26%). La seconde partie de l’année 2022 a cependant été moins porteuse que la première, notamment du fait des fortes incertitudes qui ont accompagné l’entrée dans l’hiver en termes d’approvisionnements énergétiques. L’Allemagne a été particulièrement concernée en raison de l’arrêt des livraisons de gaz russe : les 6 principaux marchés allemands (Berlin, Cologne, Francfort, Düsseldorf, Hambourg, Munich) ont connu une forte contraction de l’activité locative au 4ème trimestre 2022 avec un volume inférieur de près de 30% par rapport à la moyenne décennale des quatrièmes trimestres.
Des loyers « prime » en hausse sensible
Les loyers des bureaux « prime » sont en hausse significative dans toutes les capitales européennes en 2022, avec des taux parfois à deux chiffres qui démontrent que les indexations sur l’inflation sont absorbables par les locataires. « Central London » se situe sur la première marche du podium avec une hausse de 19% des loyers entre T4 2021 et T4 2022. On retrouve ensuite Varsovie (+13%), Milan (+11%), Dublin (+9%) et « Central Paris » (+8%). « Avec la pérennisation des modes de travail hybrides, les utilisateurs plébiscitent les quartiers centraux les plus établis et les immeubles flexibles et modernes. Le bureau devient un levier essentiel pour l’entreprise que ce soit pour attirer et fidéliser les talents en maximisant le bien-être des usagers, offrir les aménagements optimaux pour favoriser la production collective ou encore respecter ses ambitions environnementales et limiter ses consommations énergétiques. Cet engouement pour des actifs centraux et de première qualité soutient la progression des valeurs locatives « prime » dans la quasi-totalité des marchés », analyse Laurent Boucher, Président de BNP Paribas Real Estate Advisory France et Europe 7. « Il convient de souligner que des dynamiques très différentes sont observées entre, d’une part, les actifs neufs dans les quartiers les plus convoités, qui enregistrent une hausse continue des loyers et, d’autre part, les actifs de seconde main ou situés dans des zones secondaires qui pourraient souffrir d’un désintérêt croissant des utilisateurs », complète-t-il.
Un taux de vacance quasiment stable sur l’année
Par contraste avec les années 2020 et 2021 marquées par la crise sanitaire et le basculement des organisations en télétravail généralisé, qui avaient vu les taux de vacance fortement remonter, l’année 2022 a enregistré une stabilisation de la vacance locative sur les principaux marchés de bureaux européens : la hausse de 10 points de base observée en moyenne par BNP Paribas Real Estate est symbolique (de 7,3% fin 2021 à 7,4% fin 2022). Mais plus que jamais, la recherche de centralité par les entreprises entraîne une forte disparité entre les quartiers d’affaires les plus prisés et les zones périphériques.
Par contraste avec le marché locatif, l’investissement sur les principaux marchés de bureaux européens corrige fortement
La partie s’est jouée en deux temps sur le front de l’investissement : un premier semestre record suivi d’un second en très fort retrait en raison de l’envolée des coûts de financement et du « repricing » des actifs. Le volume global investi en immobilier d’entreprise européen a atteint 248,3 milliards d'euros en 2022, un chiffre homogène avec la moyenne des dix dernières années mais en retrait de 14% par rapport à l’année 2021. La baisse est réelle sur l’ensemble des typologies d’immobilier mais ce sont les bureaux qui affichent la plus forte contraction (-21% à 90,1 milliards d'euros). Le Royaume-Uni (-25%), l’Allemagne (-28%) et la France (-15%) sont les marchés de bureaux les plus touchés par la désertion des investisseurs, alors que certains marchés plus anecdotiques tirent au contraire très bien leur épingle du jeu l’année dernière, comme par exemple la Belgique (+229% par rapport à 2021), l’Italie (+102%), la Pologne (+28%), l’Irlande (+13%) et l’Espagne (+11%).
Une décompression significative des taux de rendement “prime” bureaux dans les grandes métropoles européennes
Le mouvement de décompression des taux de rendement immobiliers a démarré à partir du 2ème trimestre dans la foulée du début de la guerre en Ukraine. Il faut dire que sur l’ensemble de l’année 2022, les taux d’intérêt à long terme ont littéralement flambé en Europe, avec par exemple une hausse de 300 points de base sur l’OAT 10 ans (emprunt d’Etat français). Certains marchés immobiliers ont été plus touchés que d’autres par ce mouvement de décompression des rendements, qui a tout de même été globalement beaucoup moins important que celui des taux d’intérêt : Amsterdam est le secteur géographique le plus touché avec une hausse de 100 points de base sur l’année du taux de rendement « prime » bureaux (de 2,90% au T1 2022 à 3,90% au T4 2022), suivie par Berlin (+80 pb de 2,40% à 3,20%), puis Milan (+75 pb de 3% à 3,75%). En comparaison, Paris (+30 pb de 2,70% à 3%) et Varsovie (+25 pb de 4,50% à 4,75%) sont relativement épargnées à ce stade. Néanmoins, BNP Paribas Real Estate se veut rassurant quant aux évolutions à venir : « les taux directeurs se situent certainement aujourd’hui autour de leur pic et devraient s’orienter vers une stabilisation en 2023, voir même repartir à la baisse en fin d’année », estime Laurent Boucher.